La vidéo en ligne : c’est elle, l’intouchable, la plus rapide, le modèle, elle qui vaut 1000 mots ! Depuis déjà 20 ans, elle suscite l’intérêt des spécialistes du marketing et depuis 2020 le consommateur, insatiable, en est encore plus friand. Comment, au milieu d’un flux titanesque, faire la différence ? Nous avons posé la question à Cédric Renwa, Executive Manager de Moovizz.
Avec une majorité de leur cible sur mobile, les marques doivent s’adapter à un support qui privilégie le format vidéo et l’ouverture de contenus via les réseaux sociaux. Selon une récente étude de Google, les gens du monde entier utilisent de plus en plus la vidéo pour autre chose que le divertissement, et choisissent ce qu’ils regardent pour de toutes nouvelles raisons. Nombreux sont ceux qui disent qu’ils pourraient pas vivre sans elle…
En 2016, Cédric Renwa a pris en charge la direction de Moovizz et lui a donné une nouvelle tournure. C’est là que la société de production audiovisuelle s’est focalisée sur la création de contenus pour les réseaux sociaux et plateformes digitales, « nous avons naturellement démarré des projets sur YouTube, Instagram, Facebook,… en développant des vidéos pour le tourisme notamment avec Wallonie Belgique Tourisme. Cinq ans plus tard, 85% de ce qui nous occupe, c’est du contenu pour les réseaux sociaux et du live streaming. »
Être direct et sans fard
« Aujourd’hui, la vidéo doit être une manière directe et sans fard de s’adresser à une audience. Pendant longtemps, la production audiovisuelle coutait cher donc on voulait soigner les vidéos et les garder le plus longtemps possible. Le marketing a privilégié des vidéos esthétiques, plus proches du cinéma et de la photo… Or aujourd’hui, le consommateur demande des contacts vidéo très fréquents, il veut se raccrocher aux personnages référents d’une marque qui ne disent pas « nous sommes les meilleurs ». On continue de faire du sophistiqué pour le haut de gamme mais sur les réseaux sociaux on diffuse des vidéos sans maquillage. Tout en faisant les choses biens, en créant un univers, c’est important. »
Comment surprendre votre audience ? Cette question semble dépassée car là où les marques essayaient hier d’être absolument originales, elles doivent être aujourd’hui absolument authentiques. « C’est parfois compliqué de faire comprendre à l’annonceur que pour créer de l’attachement, il doit être le plus honnête possible. L’idée n’est pas de faire des mea culpa sur la place publique toutes les semaines mais bien qu’il se passe quelque chose. Même dans une situation où l’on préfèrerait mettre la tête dans le sable, il faut réagir. »
Tenir sur la durée
Les vidéos snack de Brut, qui usent d’images prétextes et de mots clés, ont longtemps très bien fonctionné, mais « pour créer de l’engagement, cela ne suffit plus, il faut s’adresser aux gens, c’est d’ailleurs pour cette raison que l’on utilise de plus en plus les humains dans les vidéos », ajoute Cédric, « et il faut être là souvent ». Dans ce cadre, « la meilleure manière de marquer votre audience est de choisir un ton que vous garderez tout au long de votre série de vidéos. Un ton frontal et chaleureux. »
Il faut aussi, nous dit-il, que les vidéos soient plus longues. Ce que confirme Facebook dans son guide des bonnes pratiques où le réseau pousse les créateurs de contenu à dépasser les trois minutes. « C’est pour y placer de la pub évidemment mais aussi parce qu’elles génèrent plus d’engagement et d’interaction. C’est déjà le cas sur YouTube depuis longtemps, avec des vidéos qui durent en moyenne entre 5 et 7 minutes, mais sur Facebook c’est encore récent. »
The Talk, beau temps de jeu !
Depuis cinq ans, Moovizz crée du contenu (surtout du reportage) chaque semaine pour le Standard de Liège. En décembre 2020, la société de production a innové avec un nouveau projet en ligne : The Talk, qui invite les supporters à rencontrer virtuellement un joueur, de débattre avec lui, mais aussi de discuter avec d’autres supporters. « The Talk est un objet qui n’existe pas en télévision. Nous avons enlevé la distance ou la passivité que l’on retrouve en tv. On y parle comme tous les jours, on crée de l’engagement, on pose des questions à notre audience », explique Cédric. « Nous avons habillé un studio à Liège et un animateur y tient l’émission tous les mardis à 19h. C’est un talk show de 15 à 40 minutes fait par les supporters pour les supporters. Tout au long de l’émission, des gens interagissent en direct. L’émission privilégie la relation qui se passe durant le direct (même si on y voit parfois du contenu pré-tourné) entre les professionnels et les supporters. »
The Talk est révélateur de tendances actuelles : personnalisé, flexible, riche et plein d’engagement. « Nous avons évidemment conçu un bel univers graphique. Il faut être authentique oui mais l’esthétique reste important. Il fallait imaginer un décor, être professionnels. Il y a tellement de concurrence qu’il faut nous démarquer, montrer que nous gérons notre sujet que ce soit sur un plan technique ou éditorial tout en gardant un ton proche des gens. » Avec une moyenne de 500 à 700 personnes connectées par émission et quelques pics en fonction des joueurs invités, la performance de The Talk est excellente dans un marché comme la Belgique francophone, « ça dépasse certains directs de la RTBF », confirme Cédric, « ça cartonne car nous fabriquons quelque chose que les gens ne savent pas voir ailleurs et c’est là, la force de la plateforme. »